Au temps des débuts, aux Trois
Baudets, c' était la voix éraillée de Lucette Raillat qui annonçait le « bonhommne ». C'est celle qui a été choisie pour introduire la série d'émis- sions que France-Inter consacra l'été 2000, chaque dimanche à Georges Brassens, homme de mots et poète. Avec son exceptionnel lexique, ses mises en musique d'Hugo, de Villon, d' Aragon, Brassens appartient désormais au patrimoine culturel fran- çais. Fabienne Chauvière est le maître d'oeuvre de cet hommage-fleuve, réalisé par Marie-Annick Raimbaud. Un enche- vétrement de témoignages, de chan- sons, d'entretiens avec « l'enfant terrible de la chanson française ». De véritables petits trésors radiopho- niques sont rassemblés autour de diffé- rents thèmes : l'écriture, les influences, la poésie, la musique, les idées, le métier... Aujourd'hui, la séquence est intitulée « Quand Georges est devenu Brassens ». Ou comment le marginal qui vivait « chez jeanne » est devenu le chanteur que l'on sait. Les amis, les collaborateurs, témoignent de leur affection et de leur admiration pour celui que l' artiste Raymond Devos considère comme un « maître ». Quel chemin, de l'impasse Florimont aux pages du Petit Robert ! Pierre Onte- niente, son secrétaire particulier, René lskin, Victor Laville, Pierre Nicolas et bien d'autres retracent dans ce « ren- dez-vous » les années de disette et le temps du succès. De Sète à Paris, du STO à la maison de Jeanne, des Trois Baudets à l'Olympia. Entre une chanson et un souvenir apparaît la voix de Brassens, différente de celle du chanteur, moins connue, presque timide. Elle est pourtant excep- tionnelle, cette voix, qu'on retrouve avec bonheur dans les extraits d'entretiens pêchés pour l'occasion dans les archives de la radio publique. La voix d'un homme à l'éloquence rare, qui s'exprime dans un français parfait et dont chaque mot semble avoir été pesé. Ces phrases inspirées, prononcées avec calme et réflexion, sonnent comme des vers. Celui qui se disait « artisan » et non pas artiste, qui « mijotait » ses chansons, qui les « rabotait », se livre avec une pudeur et une délicatesse émouvantes. Patiemment construit, ce portrait radiophonique en dix volets montre un Brassens inattendu, qui dévoile peu à peu ce que Patachou appelait « ce côté mystérieux qu'ont les enfants et ce côté impénétrable qu'ont les arbres... ». |
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Il est mort le chanteur, le 30 octobre 1981; Sète, la ville natale
de Georges BRASSENS à ouvert la maison Brassens. Presque en face
du cimetière du Py où repose le poète.
Ce ciseleur de mots, le grand frisé à la moustache agressive.
Georges Brassens, le sétois, le poête secret qui ne se dévoilait
que dans ses chansons : fidèle en amitié, "Les copains d'abords",
craignant "La camarade, riant de "La mauvaise réputation".
Un personnage merveilleux, non-conformiste aux gestes apparemment maladroits,
àla voix rauque, ce contestataire sans illusion qui jetait ses chansons
impertinentes avec un flegme à nul autre pareil.
Tout au long de sa carrière, il a vendu plus de 50 millions
de disques; son nom est au sommaire des manuels de littérature :
consacré poête.
Ce fut un homme en marge qui débuta dans l'écriture pour un petit journal anarchiste, d'une fidélité absolue en amitié, timide comme ce n'était pas permis pour un artiste qui fit tout de même beaucoup de scène. Bref, un être d'une grande humanité, plus sincère que la moyenne et que l'on a pas fini de regretter.
BIOGRAPHIE
GEORGES BRASSENS
Louis-Jean Calvet
ELEGIE POUR UN CROQUES-NOTES