Robert Guédiguian :
filmographie.
Quartier de l'Estaque à Marseille
Le succès de Marius et Jeannette, couronné
par le prix Louis-Delluc en 1997 et qui valut à
Ariane Ascaride le César de la meilleure actrice l'année
suivante, a mis en lumière le travail du réalisateur
Robert
Guédiguian, dont c'était pourtant le sixième
film.
Arte Vidéo a eu la bonne idée de rassembler toutes
ses oeuvres - à l'exception de la demière, A l'attaque
-,
dans un coffret de quatre DVD. L'occasion de décou-
vrir ou de retrouver huit films, présentés chacun
par
leur auteur dans un court préambule, qui forment
une oeuvre cohérente et généreuse, tout
entière dédiée
au quartier marseillais de l'Estaque dont Guédiguian
est originaire et où se situent tous ses films depuis
le premier, Dernier été (1980), son préféré.
Ecrit et
réalisé avec Frank Le Wita, ce long métrage
est emblé-
matique de la simplicité et de la spontanéité
qui sont
au coeur de toute l'oeuvre de Guédiguian. A travers
cette chronique de la vie d'une bande d'amis de l'Es-
taque, on fait connaissance avec ses deux acteurs fé-
tiches, Ariane Ascaride (par ailleurs compagne du réali- |
sateur) et Gérard Meylan (son ami d' enfance). Tous
deux font partie de cette classe ouvrière dont Robert
Guédiguian apparait comme le dernier entomo-
logiste, chantre d'un cinéma populaire et militant. Avec
Rouge midi (1983), Ki lo sa ? (1986) et Dieu vomit les
tièdes (1990), il poursuit son exploration du quartier
et
de ses habitants dans une veine de plus en plus noire,
presque désespérée, revendiquant la «
fonction très
humble de témoignage du cinéma ». C'est à
partir de
L'argent fait le bonheur, un téléfilm réalisé
pour
France 2 en 1993, qu'il aborde une nouvelle facette
de son oeuvre, qu'il appelle désormais des "contes".
Jean-Pierre Darroussin, membre éminent de la
troupe Guédiguian, y incarne un curé militant dans
une cité. Viendront ensuite A la vie, à la mort
! (1995) et
Marius et jeannette, formidable comédie souriante et
fratemelle qui renoue avec les grandes heures du réa-
lisme social. Curieusement, A la place du coeur (1998) se-
ra moins bien accueilli, et pourtant cette adaptation
d'un roman de James Baldwin ne manque pas de qua-
lités, même si Robert Guédiguian s'y laisse
un peu
trop aller à un discours manichéen, qui marque
parfois
la limite de son talent. Mais comme il l'avoue dans une
de ses interventions : "Du côté du rêve, je
suis toujours
communiste. " |