LES SAVATES DU BON DIEU
 

 de JEAN-CLAUDE BRISSEAU

1999 - France - 107 mn
avec Stanislas Merhar, Raphaële Godin, Emile Abossolo M'Bo...
Scènario : Jean Claude Brisseau
Image : Romain Winding et Laurent Fleutot
Montage : Maria Luisa Garcia Martinez
Musiqlue : Jean Musy.
 
 
Une fable. Une fable étonnante qui parle de notre époque, de ceux qui ont grandi dans les cités et
qui comme tout le monde ont besoin de se sublimer, d'être amoureux, d'aimer... Seulement quand
on est impulsif et qu'on a quatre ans d'âge mental dans sa tête, on fait forcément les choses de tra-
vers. C'est ce qui arrive à Fred, beau comme tout, marié à Elodie, véritable tableau vivant... Ils ont une
petite fille. Tout pourrait étre idyllique, ce pourrait être un conte. Pourtant Elodie quitte Fred lui lais-
sant un mot que Fred, illettré, arrive à peine à déchiffrer. Fou furieux, c'est sa grand-mère qui le
calme. Elle prend soin de lui comme on prendrait soin d'un petit enfant. Il va alors, après un
hold-up improvisé à la poste, partir avec Sandrine, une copine de toujours, à la recherche d'Elodie.
Leur cavale les fait rencontrer Maguette, mage, sorcier ange gardien, commentateur et initiateur,
Africain très curieux qui va les accompagner partout. Pour vivre ils volent, mais après tout
c'est pour envoyer de l'argent à mémère et à leurs copains. Ils atterrissent ainsi dans le Lubéron
ou Fred finit par apprendre à compter, lire, aimer les mots, les phrases. Il s'essaie même à aimer
Sandrine et ça semble marcher... Pourtant l'image, le fantôme, le corps sensuel d'Elodie le hante,
l'obsède.
Une cavale tour à tour tendre et violente, une halte lubéronnaise tout simplement belle pour
apprendre à vivre à vivre à deux enfants du siècle, un sorcier avec ses amulettes et ses ordinateurs qui
anime tout ça avec humour, font des Savates du Bon Dieu un film magique qui a tous les culots.
Brisseau met des grains de sable dans son récit pour mieux s'en débarrasser et repartir de plus
belle pour notre plus grand plaisir. On est toujours au bord de se dire qu'il en fait trop, que ça
ne marchera pas, mais sa croyance en la magie cinématographique est telle qu'il peut tout se
permettre et, miracle que ça nous emballe. A l'instar de Maguette, Jean-Claude Brisseau est un
sacré sorcier : il touille dans la même marmite drame, bouffonnerie, comédie, conte, réalisme
et romanesque. Et pour cause puisque Les Savates du Bon Dieu est une sorte de métaphore sur
un monde qui n'a plus aucun(s) sens.