L'île de la Cité, le coeur de Paris, est l'écrin de la cathédrale. C'était le lieu de tous les pouvoirs: monarchique,
judiciaire, médical, religieux et on y trouve pêle-mêle le Palais de Justice, la Conciergerie, l'Hôtel-Dieu, la
Sainte Chapelle, bref, un concentré d'histoire sur quelques arpents blottis au milieu du fleuve.
La cathédrale actuelle n’est pas le premier édifice construit sur ce site.
Des éléments sculptés datant du règne de l’empereur Tibère (14-37 après J-C) et retrouvés sous le chœur de la cathédrale en 1711 (ils sont actuellement conservés au Musée du Moyen Âge sous le nom de ‘‘pilier des Nautes’’) permettent de penser que la partie orientale de l’île de la Cité abritait déjà dans l’Antiquité un lieu de culte dédié à des divinités gauloises et romaines. Ceci ne doit pas nous surprendre, en effet, il n’est pas rare de retrouver des vestiges de temples païens à l’emplacement des églises actuelles, l’Église ayant pris l’habitude d’évangéliser les populations en conservant la localisation des anciens lieux de culte, tout en modifiant le sens de la démarche des fidèles, en les christianisant. |
Des fouilles plus récentes ont permis de mettre au jour des fragments de mosaïques, de colonnes et de chapiteaux
antiques ainsi que d’un chapiteau d’époque mérovingienne et ont révélé les soubassements d’une ancienne église à
cinq nefs construite sur le modèle des basiliques constantiniennes (4ème siècle). Peut-on en déduire que la première
grande cathédrale, dédiée à Saint-Étienne, aurait été édifiée dès le 4ème siècle et aurait connu des remaniements
ultérieurs, ou doit-on penser qu’elle a été élevée au 7ème siècle, sur un plan basilical qui n’avait alors plus
cours, et en réemployant des éléments plus anciens?
A moins qu’elle n’ait été reconstruite à l’époque mérovingienne en reprenant le plan d’une église préexistante.
Toujours est-il qu’au début du 12ème siècle, il s’avérait indispensable de rénover ce bâtiment devenu vétuste.
L’archidiacre de Paris, Étienne de Garlande fit faire à l’édifice des travaux importants notamment un portail
consacré à la Vierge qui a été remonté par la suite dans le portail Sainte-Anne de l’actuelle cathédrale.
Il faut aussi s’imaginer que le fidèle du début du 12ème ne se trouvait pas face à un édifice unique: il y avait
déjà, jouxtant la cathédrale au nord, un baptistère, Saint-Jean-le-Rond, cité dans les textes dès le 6ème siècle,
ainsi qu’un vaste enclos réservé aux maisons des chanoines. De plus, il existait aussi un palais épiscopal, à l’est
de l’île, et un hôpital.
Le 12ème siècle: le premier gothique. En 1160, quand Maurice de Sully est élu évêque par les chanoines, le grand mouvement de reconstruction des cathédrales est déjà bien amorcé: Chartres vient d’élever son ‘‘portail royal’’ et d’autres diocèses tels que Sens, Noyon, Senlis et Laon, ont déjà entrepris les travaux. Au nord de Paris, le mouvement est venu de Suger, abbé de Saint-Denis, qui reconstruit le chœur de son abbaye dans le nouveau style français (né en île de France et qui, par mépris, est appelé gothique à partir de la Renaissance). On peut donc penser que Maurice fut choisi pour évêque non seulement à cause de ses dons de pasteur, comme l’avait recommandé le roi Louis VII, mais aussi pour son programme de reconstruction de la cathédrale, l’ancienne basilique Saint-Étienne, quoique restaurée, ayant sans doute un aspect désuet. |
Le plan de la nouvelle cathédrale reprend le plan de l’ancienne basilique, avec ses cinq nefs, mais dans de plus vastes proportions: avec 127,50m de long, 12,50m de large pour la nef centrale, 40m de largeur totale et 33m sous voûte, Notre-Dame de Paris est au 12ème siècle le plus vaste édifice religieux du monde occidental. Aucun élément saillant ne vient interrompre la continuité de l’enveloppe extérieure: le transept est dans l’alignement du bas-côté extérieur et le chœur, entouré d’un double déambulatoire, n’est pas doté d’une abside entourée de chapelles rayonnantes L’élévation prévue est à quatre niveaux: grandes arcades, tribunes, roses donnant sur le comble des tribunes et fenêtres hautes. L’édifice est fermé à l’ouest par une façade dont aucun élément n’est saillant, les tours étant dans le même alignement que la partie centrale.
Dès 1163, la première pierre du chœur est posée. Les travaux sont menés rapidement et en 1182 le nouveau maître autel est consacré en présence du légat du pape. On peut alors commencer à détruire l’ancienne église et poursuivre par les travaux de la nef (au Moyen Âge, on ne commence pas par faire table rase pour construire: les offices liturgiques doivent pouvoir être célébrés tous les jours, ce n’est donc que lorsque le chœur est fonctionnel que l’on peut commencer à démolir l’ancien édifice). Le couvrement du chœur comme de la nef se fait par des voûtes d’ogives sexpartites sur plan carré; dans les collatéraux, les voûtes sont quadripartites; dans la partie tournante du déambulatoire l’architecte opte pour une solution originale: il espace les piliers de façon à pouvoir lancer des voûtains triangulaires assurant à l’ensemble une grande stabilité et un parfait rendu esthétique.
C’est sans doute un second architecte qui prend la conduite du chantier de la nef: il fait une large place à l’utilisation des colonnes ou des pilastres en délit, dégageant ainsi de l’espace pour des ouvertures plus larges dans les tribunes et accentuant l’impression de verticalité. La nef n’est pas terminée lorsque l’on confie à un troisième architecte le soin d’élever la façade, ce qu’il fit jusqu’au niveau de la balustrade surmontant la galerie des Rois, puis dans les années 1220, un quatrième architecte termine la nef et fait le raccord avec la façade. Influencé par la toute nouvelle cathédrale de Chartres, il abandonne la succession des piliers monocylindriques et rompt l’unité de la nef en créant des colonnes cantonnées de colonnettes, cependant il ne rompt pas l’unité du couvrement et garde le parti de la voûte sexpartite alors qu’ailleurs on commence à élever des voûtes quadripartites sur plan rectangulaire ou barlong.
C’est dans les années 1220-1230 que des travaux de modifications de grande ampleur furent entrepris. En effet, la présence d’un double collatéral d’une part, de fenêtres hautes de faibles dimensions d’autre part laissait Notre-Dame dans une certaine pénombre. A une époque où la théologie faisait une grande place au symbolisme de la lumière, cet état de fait n’était sans doute plus tolérable. Pour remédier à ce qui était ressenti comme un défaut, c’est tout l’édifice qui fut remanié: tout l’étage des roses fut supprimé afin de permettre l’élargissement par le bas des fenêtres hautes, ce faisant (les roses donnant sur le comble des tribunes) il a fallu remplacer les toitures des bas-côtés par des terrasses et trouver une solution nouvelle au problème de l’écoulement des eaux. La façade voit l’achèvement des tours et la mise en place d’une grande coursière ajourée qui les relie en dissimulant le pignon.
Vers le milieu du siècle, alors que la façade occidentale n’était pas encore terminée, s’ouvre un autre chantier:
il s’agit d’agrandir d’une demie travée chacun des bras du transept, ce qui permet d’une part, d’un point de vue
spirituel, de modifier l’éclairage de l’église par la construction d’une grande rose et d’une galerie ajourée de
chaque côté, d’autre part, d’un point de vue psychologique, de créer deux nouveaux portails extérieurs permettant
à l’évêque, au sud, et aux chanoines, au nord, d’accéder à la cathédrale lors des fêtes où ils déploient un faste
particulier.
après avoir restauré la Sainte Chapelle vers 1840, avec Lassus à qui l'on doit la flèche), Viollet-le-Duc reçoit
la mission en 1845 de restaurer la cathédrale. Les travaux durent une vingtaine d'année.
C'est en janvier 1977, au cours de travaux, rue de la Chaussée-d'Antin, que des ouvriers mettent à jour toute une
série de fragments appartenant à des statues mutilées. Il s'agissait d'une trouvaille exceptionnelle, l'ultime chapitre
de l'histoire de Notre Dame de Paris; ces vestiges provenaient des nombreuses statues décorant jadis la façade de
la cathédrale et qui avaient été abattues lors de la révolution.
Parmi ces restes figuraient les têtes de 20 des 28 rois qui occupaient des niches sur la façade de la cathédrale.
Ces statues, présentées aujourd'hui au musée de Cluny (on observe des copies), n'étaient pas, comme le croyaient
les révolutionnaires, celles des rois de France, mais des rois antérieurs au Christ (les rois de Judée : de Jessé
à Joseph).
Portail de gauche de la façade principale, ou portail de la Vierge.
Sur le tympan sont représentés en trois registres, le couronnement & la dormition de Marie, trois prophètes & trois
rois de Juda. Une série de petites figures de saints sculptées souligne l'abrasure du portail. Le pilastre central
est orné d'une vierge à l'enfant.
Portail de droite de la façade principale, dédié à sainte Anne.
Ce tympan célèbre la vie de Marie. Au centre, on observe sur un siège flanqué de tours, une vierge à l'enfant
hiératique, encadrée par des anges.
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