Augustodunum.

L'une des " portes " du Morvan, le nom de " Autun " provient de la contraction de "d'Augustodunum ", terme gallo-romain qui signalait la ville fortifiée d'Auguste, empereur romain.
La ville d'Autun est fondée a la fin du premier siècle avant JC à une vingtaine de kilomètres de Bibracte, ancienne capitale Eduenne, dont Auguste voulait dissoudre le prestige et provoquer l'abandon.
Autun est construit à un carrefour de voies naturelles, point de convergence entre les bassins du Rhône, de la Loire et de la Saône. Autun serait davantage une ville commerciale grâce au réseau routier développé ; mais il manque un port (malgré l'utilisation de l'Arroux comme voie navigable.), Chalon sur Saône (Cabillonum) y supplée.

Le théâtre romain d'Autun (1), à trois étages de gradins, était le plus vaste de toute la Gaule avec ses 148 mètres de diamètre; assez bien conservé et destiné aux représentations dramatique, il était situé dans un redan du rempart.
Seule a été conservé la cavea, partie ou s'asseyaient les spectateurs. Elle comportait trois étages de gradins (maeniana) entourés en haut par un portique.
Le muret qui délimite la cavea en bas servait à soutenir les sièges d'honneur, qui descendaient dans l'antiquité jusqu'au niveau de l'orchestre pavé de marbre rouge.

La maison des caves joyaux. (2)
Construite vers 1845, ce bâtiment avait pour but de servir de domicile au gardien du théatre romain. On a remployé dans les murs de nombreuses sculptures antiques et médiévales.

Vestiges de la partie sud du mur d'enceinte. (3)
La fontaine Santole, sortie d'égout antique. (4)
Les eaux usées se déversaient à cette endroit de la ville par la voûte clavée de la fontaine. Remonter vers le cimetière en prenant le chemin de la Maladière.

Vestige de la partie Est du mur d'enceinte. (5)

Cardo maximus. (6)
Rue de la Jambe de bois, le cardo maximus, axe principal de la ville, reliait la porte de Rome (sud-est) à la porte d'Arroux ou de Sens. Cette rue constitue en fait le passage, à l'intérieur de la ville, de la voie Agrippa (Lyon-Boulogne). Son tracé couvre 1570 mètres, le pavé est formé de grand blocs de granite à deux micas, de provenance locale. Une bordure de blocs du même matériau délimite un trottoir de terre battue. La largeur totale de cette voie est d'environ 8 mètres.

Vestige du temple dit d'Apollon. (7)
N°6 place de Charmasse. Apollon était le dieu d'Auguste, le fondateur de la ville.

La pyramide de Couhard. (8)
Chemin de la cascade. Ce monument construit près de la voie qui reliait Autun à Lyon, domine une nécropole antique (Champ des Urnes). Sur une base de carrée haute de 10,5 mètres s'élevait une pyramide 22,6 mètres. Il s'agit d'un monument funéraire datant sans doute du premier siècle et ne possédant pas de chambre intérieure. Une tablette magique en plomb du II ème siècle, portant des inscriptions maléfiques en latin et en grec, a été découverte à la base, attestant le caractère funéraire de ce monument.

Mur d'enceinte (9).
La grande muraille qui entourait la ville romaine subsiste au moins au deux tiers. Sa construction remonte à l'époque d'Auguste. Longue de 6 kilomètres et défendue par 53 tours circulaires percée de quatre portes monumentales. Autant qu'un moyen de défense, il s'agissait d'une gigantesque mise en scène destinée à mettre en valeur la puissance et la bienveillance de la puissance romaine. 23 des tours sont encore visibles actuellement, plus ou moins transformées, elles étaient toutes circulaires.

La tour des ursulines (10)
Boulevard Mac-Mahon. Elevée sur la base de la tour antique au XIIe, cette tour octogonale est le seul vestige de la citadelle Rivault, forteresse et prison du bailli des ducs de Bourgogne.
Un peu plus loi, on aperçoit une sortie d'égout antique, le trou du diable (11), qui, comme la fontaine de Santole, évacue les eaux usées en dehors de la ville.

Tour de la porte Saint Andoche (12).
Boulevard Mac-Mahon.

Le temple dit de Janus (13).
Situé à 400 mètres des ramparts, au-delà de l'Arroux, ce monument, l'un des plus impressionnants que l'on puisse voir en France, n'est qu'une partie d'un sanctaire. Les vestiges sont ceux d'une pièce de forme carrée haute de 24 mètres qui constituait la cella, partie principale du temple. Une galerie circulait tout autour de la cella.

La porte d'Arroux (14).
Faubourg d'Arroux. Cette porte de 16,7 mètres est traversée aujourd'hui par la route de Paris. Comme les trois autres portes de la ville, elle est flanquée de deux tours. Les vestiges de cette porte sont presque complets coté campagne. La partie inférieure est percée de deux portes destinées aux véhicules, et de deux portes latérales pour les piétons.
La partie supérieure a conservé sept arcades sur dix.

La porte Saint André (15).
Plus massive que la précédente et davantage restaurée, elle ouvrait la ville vers l'Est (Langres). La diversité des matériaux atteste des retouches et des transformations. Sur son coté Nord Ouest, cette porte est encore flanquée d'une des deux tours de défense primitive. Actuellement temple protestant de la ville, cette tour a été transformé au moyen-âge en église.

La ville était alimentée par deux aqueducs. Celui de Montjeu, long de 6,2km au conduit entièrement souterrain passe non loin de la cascade de Brisecou ou la rapidité de la pente est corrigée par une succession de 24 cascades.
L'aqueduc de Montdru long de 3,8km de son point de captage à sa jonction avec le précédent.

D'autres édifices d'Augustodunum ne sont plus visibles actuellement. Citons entre autre l'amphithéâtre situé à proximité du théâtre ; l'édifice réservé aux combats de gladiateurs et aux chasses fut rasé au début du XVIII ème siècle.

Sites et monuments médiévaux et modernes.

Autun fut évangélisé par le diacre Symphorien, qui subit le martyre dans cette ville en 179. C'est à la fin du X ème siècle que, dans des circonstances demeurées mystérieuses, le corps de Saint Lazare aurait été apporté à Autun.
Aux premières années du XII ème siècle, l'évêque Etienne de Bâgé, disciple de cluny, entrepit d'enclore la sainte relique dans un écrin digne d'elle. En 1130, Innocent II procédait à la dédicace de l'église dont la première pierre fut posée en 1119.
Il paraît difficile d'admettre qu'en onze ans, un tel édifice ait pu être terminé. Lors du transfert des reliques de Saint Lazare en 1146, les "pavements" n'étaient pas encore taillés, le narthex aurait été ajouté après coup, à partir de 1178, on ne sait au juste.
En 1195, l'église fut élevée au rang de cathédrale.
En 1469, le cardinal Jean Rolin, autunois d'origine, grans bâtisseur et mécène, remplaça la tour romane de la croisée des transept foudroyée par un clocher...
Au XVIII ème siècle, les chanoines supprimèrent les verrières absidales, démantelèrent le tombeau de Saint Lazare (fragements au musée Rolin); un blocage en plâtre dissimula le tympan du Jugement dernier. Ce qui eut au moins le mérite de protégerla sculpture, le portail septentrional relatant de la résurrection de Saint Lazare n'eut pas cette change et fut mutilé sans remords. il n'en reste qu'un admirable débris, la fameuse Eve couchée du linteau. (conservée au musée Rolin)
La rénovation commencée au cours des XIX se poursuivi durant le XX ème siècle. Le tympan intact fut dégagé, Viollet-le-Duc contrôla une restauration générale à partir de 1860. (remplacement de plusieurs chapiteaux trop mutilés par d'habiles copies, réédification des deux tours du narthex dans un style brionnais de 1100, renforcement des piles de la croisée chargées à l'éxcès par le clocher...). La salle capitulaire accueuille les chapiteaux d'origines.
Le schéma de la cathédrale est celui de l'élévation dite clunisienne, que définissent ensemble,
les arcs brisés à double rouleau,
le voutement de la nef en berceau brisé,
le triple étagement de la nef centrale
...
Par ailleurs, la cathédrale utilise la composition antique romane; le faux triforium dérive de l'attique de la porte d'Arroux.
Le portail du jugement dernier, oeuvre d'un sculpteur de génie, présente un Christ au centre d'une mandorle ovale qui occupe toute la hauteur du tympan. A droite de haut en bas, on notera le présence de la Sainte Vierge, Marie puis en dessous le paradis et un groupe d'apôtres ainsi que Saint pierre clés brandies conduisant au ciel les élus et enfin les élus.
A son pendant, on relèvera la présence de Enoch et Elie, en dessous Saint Michel pesant les âmes, puis les réprouvés.
Une frise de feuillage et les signes du zodiaque encadrent le tout. Les plus beaux chapiteaux sont situés près de l'autel majeur, à la croisée du transept, là, ou chaque jour, le Dieu fait Homme descend en Sa chair et en Son sang. Ces chapiteaux représentent entre autre, les mages et l'Enfant, la fuite en Egypte...
Inscription du tympan :
"
Seul je dispose tout et couronne les mérites
la peine que j'inflige comme juge retient ceux
qu'entraine le vice
C'est ainsi que ressucitera quiconque ne sera victime
d'une vie de péché
pour lui brillera sans fin la lumière du jour
Gislebert a fait ceci
que semblable terreur terrifie ceux que détient
la terrestre erreur
car l'horreur de ces images annonce ce qui les attend
"
OMNIA DISPONO SOLVS MERITOSQVE CORONO QVOS SCELVS EXERCET ME JVDICE POENA COERCET
QVISQVE RESVRGET ITA QVEM NON TRAHIT IMPIA VITA ET LVCEBIT EI SINE FINE LVCERNA DIEI
GISLEBERTVS HOC FECIT
TERREAT HIC TERROR QVOS TERREVS ALLIGAT ERROR NAM FORE SIC VERVM NOTAT HIC HORROR SPECIERVM.

La fontaine Saint Lazare.
De nombreuses impasses partent en étoile de la place de la cathédrale et aboutissent toutes à une tour de l'enceinte.

Les musées de la ville ; le musée Rolin est issu de la fusion du musée de l'hotel de ville et du musée de la société Eduenne. Quatre fonds principaux sont présentés :

Le musée lapidaire Saint Nicolas, annexe du musée Rolin. (lapidaire : relatif au pierre, aussi bien la taille des pierres précieuses, cf Saint Claude, que la taille de pierres pour les monuments antiques.)

Bibliographie :

Autun, ville gallo-romaine.
Guides archéologiques de la France.
Imprimerie Nationale.

Bourgogne romane.
La nuit des temps 1.
Zodiaque - MCMLXXiX.

Florent PORTELATINE 18 novembre 2001 à Paris