Cabilonnum - Chalon sur Saône.

Historique :

C'est à l'époque gauloise que la ville surgit, elle est alors le principal port des Eduens. L'activité économique basée sur le fleuve semble déjà très développée; à l'époque gallo-romaine, ce rôle est renforcé, Cabilonnum est alors crée et devient ainsi le siège du commandement de la flotte de la Saône.
L'aménagement d'un pont au niveau de l'île Saint Laurent dès le IIème siècle génère le point de rupture de charges entre le traffic fluvial et terrestre. Par ailleurs, une des voies gallo-romaines qui partait de Lyon (voie Agrippa) se scindait en trois à Chalon pour déservir Autun, Langres et Besançon. (note 2)
La ville aurait été évangélisée par Saint Marcel, martyrisé à ses portes en 177 après JC (note 1). Un évêché est fondé en 449 et la cathédrale est placée sous le vocable de Saint Vincent. A l'époque carolingienne, le Comté de Chalon succède au pagus gallo-romain. Le moyen âge est une période assez faste, à la fin du VIème siècle, le roi Gontran fait de la ville la capitale de l'important royaume mérovingien de Bourgogne.
Du VIII au Xème siècle, elle est mise à sac succéssivement par les Sarasins, les troupes de Lothaire, les Normands puis les Hongrois. Ruinée par les sarrasins, la cathédrale est reconstruite une première fois.
Appartenant à l'origine à des comtes particuliers, la ville devient en 1237 partie intégrante du duché de Bourgogne.
A la mort de Charles le Téméraire, Chalon est réunie à la couronne royale. Au XVIème, une nouvelle enceinte est dressée, tandis que Pontus de Tiard et Philibert Guide, deux poètes de la pléiade, assurent un certain rayonnement intellectuel.
A la fin de l'ancien régime, le canal du centre est aménagé, générant un nouvel urbanisme. La révolution industrielle permet l'implantation d'une usine Schneider, puis la crétion de la chambre du commerce.

Jusqu'en 1477, les armoiries de Chalon étaient de gueules à trois annelets d'or ; de 1477 à 1815, Chalon quitte la couleur de son écu qui était de gueule, pour adopter celle de la France qui était d'azur.
En 1815, Napoléon Ier accorda à Chalon le droit de placer la croix de Légion d'honneur dans son écu. Les armes de Chalon sont depuis 1831 d'azur à trois annelets d'or, soutenu d'une champagne cousue de gueules, chargée de la décoration de la Légion d'honneur.


Aujourd'hui :

Chalon est la deuxième ville de bourgogne et reste avant tout une cité industrielle où sont installées des entreprises très diversifiées (Kodak, Framatome, Saint Gobain, Philips...).
Parallèlement à cette vitalité économique, Chalon à su développer ses capacités culturelles et touristiques. Sitons entre autre le carnaval ainsi que le festival "Chalon dans la rue". La valorisation du patrimoine architectural et de la Saône ne sont pas sans reste. (quartier de l'hôtel de ville, Saint Vincent...).

Chalon, capitale économique de la Saône et Loire, est la ville natale de Nicéphore Niepce qui réalisa les premières photographies à Saint Loup de Varenne (à quelques kilomètres au sud). Joseph Niepce (qui ajoutera plus tard à son prénom celui de Nicéphore "porteur de la victoire") est né à Chalon le 7 mars 1765, rue de l'Oratoire. Cette toute première photographie fut réalisée depuis la fenêtre à Saint Loup de Varennes après 10 heures de temps de pose, sur une plaque d'étain recouverte de bitume de Judée, elle est aujourd'hui conservée dans un bain d'hélium à l'université d'Austin au Texas. Il améliore jusqu'en 1822 sa découverte qu'il désigne du terme héliographie (écriture par le soleil); le terme photographie n'est utilisé qu'à partir de 1839.

Place de l'hôtel de ville et ses environs. (numéro 11 sur le plan)

L'Ordre des Carmes fut fondé sur Le Mont Carmel dans la seconde moitié du XII ème siècle par un groupe d'ermites fixé en Palestine à la suite des croisades. Dès 1235, quelques frères revinrent en Occident et les fondations se succédèrent.
Les Carmes s'intallèrent à Chalon en 1317, mais ce n'est qu'a la fin du XIV ème siècle que l'Ordre trouve un lieu stable ou s'implanter; l'église et les bâtiments sont consacrés en 1406. Les bâtiments sont utilisés lors de la Révolution comme caserne puis palais de justice, l'administration municipale est aujourd'hui installée dans ces bâtiments. Une salle de la bibliothèque municipale a été aménagée dans l'église.

L'abbaye bénédictine de saint Pierre s'est constituée à la fin du VI ème siècle; la tradition en attribue la création à l'évêque Saint Flavius sur l'ancienne nécropole romaine. L'église fut démolit au XVI ème siècle par ordre du roi pour établir à leur endroit une citadelle; les batiments sont démolit afin de fournir des matériaux de construction. La statue dite "La Marie Ronjon" fut placée en 1873 sur une tour surélevée à coté de la chapelle, pour remercier la Vierge d'avoir évité à la ville l'occupation par les Prussiens. (numéro 9 sur le plan) Restes de l'abbaye au numéro 17 de la rue Doneau.
L'église Saint-Pierre (numéro 1 sur le plan) fut consacrée en 1713, elle remplace l'ancienne abbaye bénédictine de Saint Pierre.
Le bâtiment abrite une série de statues, un orgue d'époque régence... il est édifié par l'architecte dom Vincent Duchesne qui s'inspira de modèles italiens, l'église devint temple décadaire puis magasin de fourrage sous la Révolution avnt d'être rendue au culte en 1801.

L'ordre des Templiers fut fondé à Jérusalem en 1118; Saint Bernard, abbé de Clairvaux en approuva la règle en 1128. C'est vers 1217 que l'Ordre s'installe à Chalon; l'église, maintenant hôtel des ventes, est érigée au XIII ème siècle. Elle est placée sous le vocable de saint Barthélemy et subit, comme beaucoup d'édifice chalonnais les ravages du temps. Aujourd'hui encerclé d'autres bâtiments, elle ne nous offre que sa façade remaniée et un chevet. (située derrière l'eglise Saint Pierre, coté Saône.)

Le musée Denon est installé dans les dépendances du couvent des Ursulines. Il est fondé en 1820 et abrite des collections relatives aux beaux-arts, à l'ethnographie et à l'archéologie. Dominique Vivant Denon est né à Givry en 1747, il s'intéresse à l'Antiquité, aux Beau arts et à l'histoire en général. Passionné d'archéologie, il accompagne Bonaparte en Egypte. Il est par la suite nommé directeur général des musées par Napoléon; il organise le Louvre (dont une aile porte son nom, avec Richelieu et Sully).

Les Oratoriens avaient la charge du collège de Chalon dès 1624; dix ans plus tard, les Jésuites qui avaient le monopole de l'enseignement dans beaucoup d'endroits, prirent en charge le collège de Chalon, gênant par la même les Oratoriens qui venaient d'acquérire la maison de Saudon. Le collège leur échappant, les Oratoriens ouvrirent une maison, séminaire diocésien, en 1675; en 1678 est entreprit la construction d'un nouveau séminaire par l'évêque Henry-Félix de Tassy, en 1681, la première pierre de l'église est posée.
Tour de Saudon (vestige de la haute enceinte du IV ème siècle.), Beffroi et séminaire des Oratoriens. (numéro 12 sur le plan).
Armoirie de l'évêque au dessus d'une porte dans une courette de la rue de l'oratoire.

Cathédrale saint Vincent et ses environs.

Le vieux Chalon du coté de la cathédrale Saint Vincent, façades à colombage sur la place Saint Vincent.
La cathédrale Saint Vincent, malgré sa façade un peu singulière est un monument dont la visite s'impose.
Comme souvent, le premier édifice chrétien remplaçait un temple païen; l'église s'appuyait sur le rempart de la haute enceinte des III et IVème siècle. Les dévastations des Sarrasins et des Hongrois (...) ruinèrent complétement l'église.
A la Révolution, la cathédrale est employée à différents usages : magasin de fourrage, dépot de vivre, temple de la raison... Les clochers ne survécurent pas. Dès 1810, la reconstruction de la façade est décidée selon les plans d'un architecte lyonnais. Derrière la façade refaite de 1827 à 1844, on découvre une nef et une travée droite du choeur romanes jusqu'au niveau du triforium, les collatéraux et le transept sont également romans. L'abside et les parties hautes du choeur date du XIII ème siècle, les parties hautes de la nef ainsi que les voûtes date du XIV et XV ème siècle, tout comme les chapelles donnant sur les collatéraux.
Les chapiteaux ont pour la pluspart été restaurés au XIX ème siècle; parmi les scènes intactes figurent les Pèlerins d'Emmaüs et l'apparition du Christ à Marie Madeleine.
Le cloître fut aménagé par l'évêque Olivier de Marttreuil, il est constitué de triplets de baies monté sur un bahut continu, baies amorties en trèfle et surmontées de petits chapiteaux. Les voûtes furent posées à la fin du XV éme siècle. On notera les statues de sainte Claire, saint Pascal Baylon, sainte Reine et saint Jean de Capistran, provenant toutes de l'ancien couvent des Cordeliers.

La tour de l'évêché. (numéro 3 sur le plan).
Cette tour est la plus haute et la mieux conservée de toutes celles qui nous restent de la plus ancienne enceinte de la ville. Sa base est gallo romaine, le moyen âge l'a réedifié, et lors de la construction de l'évêché, on y a fait de notables changements.
Dans la courtine qui relie cette tour à la seconde tour de l'évêchè, et sur laquelle on a élevé le palis épiscopal, l'élément gallo-romain se révèle dans toute la partie inférieure.

A coté du portail donnant sur la rue de l'évêché, s'élève le bâtiment des écuries, au toit assez aigu et orné de lucarnes. Il n'y a, à l'intérieur, qu'une salle dont les voûtes reposent sur deux piliers cylindriques.

A l'angle de la rue du Pont et de la rue du Châtelet, on peut remarquer une très belle statue du Christ, placée dans une niche à la hauteur du premier étage.
C'est une fort bonne copie libre du Christ réssuscité, exécuté par Michel Ange en 1521 pour l'église de la Minerve à Rome.

Ile Saint Laurent.

A la pointe de l'île s'élève la tour du Doyenné, beffroi polygonal du XV ème siècle, cette tourelle en pierre et en brique est couronnée par une élégante balustrade et une échaugette. Jadis proche de la cathédrale (tour du presbytère), la tour fut démonté par un antiquaire qui l'emporta à Paris. Mise sous séquestre, elle fut achetée par un américain, qui la fit rebâtir, à ses frais, à la pointe de l'île Saint Laurent. (numéro 4 sur le plan).

Les Cordeliers s'installèrent sur l'Ile Saint Laurent au milieu du XV ème siècle sous l'impulsion du duc de Bourgogne Philippe le Bon. L'effectif de l'ordre était d'une douzaine de moines, l'activité intellectuelle était importante, les Cordeliers ouvrirent au XVII ème siècle un collège de philosophie. Lors de la Révolution, on établit là un magasin de vivres et une prison, l'église est démolie en 1844. (numéro 5 sur le plan).

L'Hôpital de Chalon. (numéro 3 sur le plan)

La fonction hospitalière fut d'abord affaire d'église et tout établissement ecclésiastique devait accueillir les pauvres et les malades comme les pélerins. Une Maison-Dieu était située à Chalon non loin de la porte de Beaune. Les fortifications qui chassèrent les bénédictins de saint Pierre détruisirent aussi la Maison-Dieu et la ville n'eut plus d'hôpital.
Le fameux hospice fondé à Beaune par Nicolas Rolin eût pu être établi à chalon si les chanoines de Saint Vincent ne s'étaient opposés au projet. Les échevins étaient fort émus de la situation et un nouvel hôpital fut construit à Saint Laurent. La grande salle des malades fut bénie en 1571.
Il ne reste aujourd'hui que très peu de choses des premiers bâtiments; le dôme fut refait au XIX ème siècle, à la même époque, la grande salle des malades est détruite, à l'exception de ses verrières conservées dans la chapelle actuelle. L'ancien oratoire des soeurs est pourbu d'une voûte à liernes, dont les nervures retombes sur des culs-de-lampe sculptés qui représentent les symboles des quatres évangiles.


Fontaine de Neptune, place de Beaune.
Erigée en 1740, autrefois quatre dauphins en plomb adossés aux angles du socle distribuaient l'eau. Le piédestal est une oeuvre de Spingola et la statue de Sordoillet.
Beffroi, rue des Cornillons. Tour antique bâtie en 1408. Emiland Gauthey réalisa au XVIII ème siècle le canal du centre, reliant Digoin à Chalon, et de ce fait, la mer méditerranée à l'Océan Atlantique. Le canal passait alors par l'actuelle nationale 6 et la rue de la République. Un Obélisque fut élevé en l'honneur de la jonction des deux mers.

Chalon se trouve au centre des différents parcours spécifiés dans ce document, à l'Est la Bresse et le Jura, à l'Ouest le Morvan, au sud la voie verte et Cluny, et au nord, Beaune, Dijon, situation au coeur de la route des vins (cote de Nuit, cote de Beaune, cote Chalonnaise, maconnais puis baujolais.)

Le carnaval de Chalon; il est habituellement considéré comme le deuxième de France après celui de Nice. Il s'agit d'une des institutions chalonaises les mieux établies, dont on connaît l'éxistence depuis le Moyen Age...


(6) Couvent des Carmélites, agrandissement sans doute de la fin du XVII ème siècle. (angle de la rue de Traves et de la rue de Germigny.)
(7) Hospices Saint Louis (fin XVII ème)
(8) Le Carmel, rue de la Motte, cloître et bâtiments.
(10) Dominicaines (20 avenue de Paris).
(Les Jacobines : vestiges du parloir au uméro 12 de la place de Beaune)

Note 1 :
La tradition attribue l'introduction de la religion chrétienne dans le pays chalonnais à Marcel, dont elle rattache le martyre à la grande persécution lyonnaise de 177. Sur l'emplacement du lieu dit du supplice, alors appelé Ubiliacus, le roi de Bourgogne gontran fit érigé au VI ème siècle une magnifique basilique dont il ne reste rien. Une communauté de clerc éxistait alors ; l'église était sous le vocable de Saint Pierre. ruiné par les hommes, le monastère de saint Marcel fut relevé par des moines venant de Cluny. Une nouvelle église est construite au début du XII ème siècle, qui est l'actuelle église paroissiale. La révolution a fait démolir le clocher des moines qui s'élevait au-dessus de la croisée du transept.

Note 2 :
Cardo-decumanus. Les romains construisaient les villes selon un plan symétrique à axes perpendiculaires. Le cardo, axe Nord-Sud, était situé sur l'actuelle Grande Rue, dans le prolongement du pont Saint Laurent. Le decumanus, axe Est-Ouest, était situé vers l'actuelle rue du Chatelet, dans le prolongement de la rue de Lyon, entrée dans la ville de la "via agrippa", voie romaine provenant de Marseille.


Référence bibliographique :

Notre vieux Chalon, Eglises, couvents, hôpitaux.
Société d'histoire et d'archéologie.

Guide bleu Bourgogne.
Hachette.

Découvrir la Saône et Loire.
Edition du parc, Horvath.

Chalon, Coins de rues.
Origine et histoire des rues de Chalon sur Saône.
Editions Forelle.

Florent PORTELATINE décembre 2001 Chalon sur Saône

Révision en janvier 2003 à Chatenoy le Royal