Manoel de Oliveira

Manoel Candido Pinto de Oliveira, dit, plus sobrement, Manoel
de Oliveira, est né à Porto, au Portugal, en 1908. Fils d'un
industriel, il connaît une enfance aisée, s'emportant
passionnément pour le cinéma à l'âge de 18 ans. Il fréquente
bientôt l'école d'acteurs de Rino Lupo, qui lui permettra de
figurer en bonne place au générique de plusieurs films, son rôle
le plus important restant celui de Canção de Lisboa, de
Cottinelli Telmo, en 1933. Mais dès 1929, grâce à son père, le
jeune homme s'achète une caméra portative et commence la
confection de Douro, faina fluvial, qu'il achèvera en 1931. Ce
court métrage, documentaire poétique, joue du montage
parallèle entre phénomènes naturels (le cours du fleuve) et
éléments de la vie sociale (la vie des mariniers). Le film sortira
finalement en 1934 après avoir scandalisé une partie de la
critique pour son aspect naturaliste. Dès lors cinéaste
incompris, Manoel de Oliveira peinera à monter ses projets. Il
réalise néanmoins quelques courts métrages (Miramar, Praia
das rosas ou Jà se fabricam automòveis em Portugal,
Famalicão), et c'est finalement en 1941 qu'il met en chantier la
réalisation de son premier long, Aniki-Bobo, adapté d'une
nouvelle de Rodrigues de Freitas. Une vision néo-réaliste du
Portugal au travers du quotidien d'enfants de Porto, un portrait
hors de tout contexte moraliste qui déplaît alors à nouveau
fortement à la critique locale. De fait, et aussi pour des raisons
inhérentes à l'économie difficile du pays, Oliveira restera
quatorze années sans plus tourner. Pendant ces années, il
s'occupe d'agriculture avant de partir séjourner en Allemagne,
en 1955, où il étudie l'emploi de la couleur. Il réalise alors un
nouvel essai sur Porto, Le peintre et la ville, alternant caméra
subjective et “cinéma direct”, suivi d'un court métrage de
commande, O pão, sur la représentation du pain dans nos
sociétés. En 1961, il commence la réalisation de son deuxième
long métrage (soit vingt ans après son premier), Acte de
printemps. Un film qui marque une rupture avec la
filmographie du cinéaste, qui s'attèle cette fois à un cinéma
basé sur le texte et avec relativement peu de moyens.
Désormais, le metteur en scène témoigne, de l'intérieur, de la
mentalité du pays. En 1963, avec La chasse (une parabole sur
la solidarité) et, en 1965, Les peintures de mon frère Jùlio, il
réalise ses deux derniers courts métrages.
Bénéficiant d'une subvention de la Fondation Gulbenkian (à
laquelle il fait référence dans La lettre), Oliveira tourne son
troisième long en 1971, Le passé et le présent, premier volet
de sa tétralogie dit des “Amours frustrées”, qui comptera aussi
Bénilde ou la Vierge Mère, en 1974, Amour de perdition en
1978 (d'après un livre de Camilo Castelo Branco, qui deviendra
un auteur de référence pour le cinéaste, puisqu'il le réadaptera
en 1991 avec Le jour du désespoir), et enfin Francisca en
1981. Francisca, ou les différentes étapes de la liaison
mouvementée entre José Augusto et Fanny, rendue invivable
par un cynisme dû à son état de bourgeoise décadente. Le
réalisateur adapte bientôt Le soulier de satin, de Paul Claudel,
en une fresque longue de près de 7 heures, bientôt suivie de
Mon cas, sorte de film nombriliste sur un homme qui passe son
temps à se plaindre. Désormais octogénaire, c'est à partir de
1988 que l'essentiel de la production cinématographique de
Manoel de Oliveira va se concentrer, alignant désormais les
films au rythme d'un par an, ou quasi. Des adaptations (La
divine comédie en 1991, Le val Abraham en 1993, d'après
"Madame Bovary" et aujourd'hui La lettre, d'après "La
princesse de Clèves" de Mme de Lafayette), mais aussi des
scénarios originaux : Le couvent, avec Catherine Deneuve et
John Malkovich partis aux sources de l'inspiration de
Shakespeare, La cassette, portrait tragi-comique de sa ville
natale, le splendide Voyage au début du monde, où un vieux
réalisateur (Marcello Mastroianni dans son tout dernier rôle)
revient sur les lieux de sa jeunesse, et enfin Inquiétude,
méditation en trois volets sur la “représentation”, qu'elle soit
théâtrale ou de soi. A plus de 90 ans, Manoel de Oliveira est un
des cinéastes les plus prolifiques de son temps, et célébré
comme un immense artiste.

FILMOGRAPHIE

1942 Aniki-Bobo (id.)

1962 Acto de primavera (L'acte du printemps)

1971 O passado e o presente (Le passé et le présent)

1974 Benilde ou a Virgem Mae (Benilde ou la Vierge Mère)

1978 Amor de perdição (Amour de perdition)

1981 Francisca (id.)

1985 O sapato de cetim (Le soulier de satin)

1986 O meu caso (Mon cas)

1988 Os canibais (Les cannibales)

1990 Não, ou a vã glòria de mandar (Non, ou la vaine gloire de
commander)

1991 A divina comedia (La divine comédie)

1992 O dia do desespero (Le jour du désespoir)

1993 Vale Abraão (Le val Abraham)

1994 A caixa (La cassette)

1995 O convento (Le couvent)

1996 Viagem ao principo do mundo (Voyage au début du
monde)

1997 Inquiétude

1998 La lettre


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