Histoire et déboires de la TNT.

Histoire et déboire d'un nouveau concept : la TNT.

Depuis les origines de la télévision, l'homme ne cesse d'améliorer ce moyen de transmission de l'information ; augmentant la taille de l'image, ajoutant la couleur puis, multipliant le nombre d'émission.
La recherche de la télévision haute définition (TVHD) est lancée dans les années 80 ; chaque pays développe sa norme, "MUSE" au japon, "D2Mac" en France, le combat acharné et la concurrence mênent à la perte tous ces nouveaux concepts.
Le public demande alors plus de programmes alors que ces projets proposaient une meilleure qualité d'image ; les développements sont progressivement abandonnés pour laisser place à la télévision par satellite qui répond mieux à la demande du public : plus de chaîne, même si elles sont de moins bonne qualité.
Car là comme ailleurs, pas de surprise, on ne peut pas allier qualité et quantité, l'un se fait forcément au détriment de l'autre...
La finalisation et la réussite du projet de la télévision par satellite entraîne une amorce de "portage" du principe vers le terrestre. Il ne semble toutefois pas évident que les marchés du câble et du satellite soient arrivés à maturité en France. Il est évident par contre, que les opérateurs de TNT d'angleterre, d'Espagne et de Suède vécurent des déboires. (pour des raisons différentes)
"La télévision numérique terrestre va exister, c'est désormais une certitude..." pouvait-on lire en préambule du cahier de l'audiovisuel d'août 2001. Depuis quatre ans, le projet est sans cesse retardé et reporté à une date ultérieure, son émergence ne semble pas évidente, du moins dans la conjoncture actuelle. La date prévue actuellement est mars 2005, soit déjà quatre ans de retard, les dernières péripéties concernent le choix du codage numérique : MPEG-2 ou MPEG-4 ? La méthode de compression MPEG-2 est vieille, obsolète, mais fut choisit par le gouvernement (CSA) pour sa planification qui nécessita plusieurs années de travail (Ah! bureaucrate!). Le MPEG-2 présente par ailleurs l'énorme avantage d'être une technique mature et maîtrisée, ce qui n'était pas le cas du MPEG-4 qui n'était alors même pas encore complètement normalisé. Les chaines payantes quant à elles préféraient MPEG-4, permettant une meilleure compression de la vidéo et donc plus de chaines (ou une meilleure qualité).
On ne peut nier toutefois la viabilité de la TnT et son arrivée prochaine inéluctable. Les ressources spectrales sont rares, il ne semble plus possible aujourd'hui de gaspiller ces fréquences ; le numérique présente beaucoup d'avantages :

  • l'optimisation du spectre,
  • l'interactivité,
  • le son numérique stéréo,
  • une image au format film 16/9,
  • internet,
  • télévision de proximité.
Toutefois, si les améliorations sont indéniables, leurs viabilités le sont moins. Comment ne pas se poser quelques questions :
Les distributeurs seront-ils les mêmes que ceux de la diffusion satellite ?
Le marché publicitaire suffira-t-il à pérenniser ces nouveaux diffuseurs ?
L'offre en programme sera-t-elle suffisamment novatrice ?
...
Les problèmes rencontrés peuvent être à la fois d'ordre technique, économique ou financier ; en premier lieu, le bon équilibre entre services payants et gratuits sera primordial ; les programmes gratuits ainsi que leur pertinence joueront même sans doute un rôle clé dans la réussite de la TNT.
L'objectif final de la TNT n'en reste pas moins d'être l'extinction du système analogique actuel. Beaucoup de mythes ont été colportés sur la TNT, à commencer par son calendrier. Aujourd'hui 70 % de la population française utilise la diffusion hertzienne, le passage au numérique semble compliqué, d'une part parce que seulement 40 %du territoire sera couvert dans un premier temps, d'autre part à cause du prix de l'équipement lié à l'offre...
Mythes & réalités de la TNT :
  • l'abondance de programme ne doit pas être surestimé.
  • L'amélioration de la qualité de l'image (qui dépend directement du débit).
  • La zone couverture et l'audience débuteront bien en deçà de la télévision analogique actuelle.
  • La gratuité sera favorisée mais pas généralisée.
  • L'interactivité n'aura qu'une place marginale et discutée.
  • Les émissions ne débuteront pas avant fin 2004, au mieux.
la conjoncture économique difficile constitue un frein à un succès rapide de la TNT.

Objectif & législation :

L'enjeu est à la fois culturel et industriel. La numérisation du réseau hertzien engendrera de nouvelles activités et représentera un marché colossal ; le parc de récepteur est à pourvoir et les stations d'émissions sont a équiper. De ce point de vue, l'exemple peut-être pris sur nos voisins dont certains diffusent des programmes numériques depuis quelques années déjà.
Les techniques numériques ont fait leur preuves, il est possible aujourd'hui de faire profiter à tous de cette technique réservée pour l'heure aux utilisateurs d'ordinateurs.
"L'objectif final est de contribuer à l'élaboration d'une société dans laquelle l'accès à la culture et à la connaissance sera mieux partagée." Un discours déjà cité lors de la privatisation de TF1...
C'est pourtant le média adapté à la connaissance universelle, un des principaux moyens dont disposent les citoyens pour s'informer et pour apprendre. La télévision peut ainsi être porteuse de culture et de création. Pour cela, il est nécessaire de veiller à la qualité de l'information dont le rôle incombe au CSA.
Un rôle particulier est reconnu aux opérateurs historiques, mais la porte est résolument ouvert aux nouveaux entrants. Qualité, pluralisme, créativité & proximité sont les objectifs majeurs du projet. Le contenu, définit par le gouvernement, affecte l'attribution prioritaire de quatre nouveaux canaux de diffusion au service public. Nous verrons ainsi la création d'une chaîne d'information gratuite, la création d'un réseau de huit chaînes territoriales, extension des programmes de la Cinquième et d'Arte ; la première étant axée sur la connaissance, la seconde sur l'Europe...
Canal + était regardé comme un distributeur officiel évident de la TNT, contribuant à l'initialisation du mécanisme en convertissant ses abonnés. Des doutes peuvent se poser suite au difficultés du groupe Vivendi.
L'ambition de faire du service publique un moteur de la TNT repose sur un capital versé aux chaines publiques ainsi qu'à une augmentation de la redevance. Dans le contexte budgétaire tendu actuel, les pouvoirs publiques s'interrogent. La viabilité économique de la TNT relève de plusieurs points :

  • La couverture de la population.
  • le rythme d'initialisation du parc de décodeur.
  • La capacité des chaines à susciter une audience.
  • L'évolution du marché publicitaire.

Référence bibliographique :

La télévision numérique terrestre.
Rapport établit à la demande du premier ministre
par Michel Boyon, octobre 2002.

Les dossiers de l'audiovisuel
Quel avenir pour la TNT ?
juillet 2001.

Retour au document principal.

Version 0.1 du 16 juin 2003 - Florent PORTELATINE - PARIS.
Révision janvier 2005.