abbaye de Sénanque dortoir et église

Abbaye Notre Dame de Sénanque.

Histoire de l'abbaye en quelques mots.

Cette abbaye est une des trois soeurs provençales et fut fondée en 1148 par des moines cisterciens venus de l'abbaye de Mazan. Située au creux d'un vallon reculé et secret, l'abbaye Notre Dame de Sénanque demeure l'un des plus purs témoins de l'architecture et de la vie cistercienne. Geoffroy de Venasque, seigneur de Simiane, lègue à Sénanque tous ses biens et s'y fait enterrer.
Quatre ans après sa fondation, Sénanque est en mesure d'essaimer à Chambons non loin dans le Vivarais d'où étaient venus les premiers moines. Dès la seconde moitié du XIVème siècle, la décadence gagne irrésistiblement ; en 1544 les Vaudois brûlent tout et pendent les moines. l'abbaye ne se relévera jamais et le dernier moine meurt dix ans avant la Révolution.
En 1791, l'abbaye est vendue comme bien national, si la pluspart des monuments sont alors démontés pour récupérer les pierres (citons Cluny par exemple), Sénanque quant à elle est préservée. En 1854 Dom Barnouin rachète et restaure l'Abbaye, une communauté de moines cisterciens de l'Immaculée Conception s'installe alors. En 1903 les moines sont expulsés suite aux lois sur les congrégations religieuses, la vie conventuelle reprend en 1926 jusqu'en 1969, date de départ des moines pour la maison mère. Sénanque devient alors un centre culturel pendant près de vingt ans et c'est en 1988 qu'une nouvelle petite communauté de moines s'installent renouant ainsi avec les siècles passés de la tradition cistercienne.

cloître de l'abbaye de Sénanque. coupole à la croisée du transept de l'église.

Architecture et organisation de l'abbaye.

Une église est généralement orientée dans un axe Est Ouest, le porche vers le soleil couchant, tandis que le choeur est orienté vers l'aube (Est), symbole de vie et de lumière. Pour des raisons géographiques, l'église de Sénanque est orientée au Nord, de ce fait tout le monastère est pivoté de 90 degrè par rapport à l'organisation traditionnelle.
L'église abbatiale est d'un dépouillement extrème, caractéristique cistercienne ou aucun décor ne doit troubler la prière et le receuillement des moines. Seul la lumière, symbole de Dieu, module l'espace ; l'abside est éclairée par trois ouvertures, symbole de la trinité, qui convergent vers l'autel. Cette grande abside est encadrée de deux absidioles, ou chapelles, de part et d'autre ; chaque chapelle servant à la célébration de messe privée. Au niveau de la croisée du transept la voûte s'élève sous la forme d'une coupole octogonale, reposant sur quatre trompes : petites voutes en cul de four en forme d'arc à six lobes. Ces quatre trompes permettaient de passer du plan carré de la croisée du transept à l'octogone du sommet de la coupole. Le porche est dépourvu de grand portail, seule une petite porte latérale est présente, ceci s'explique par le fait que lors des célébrations, les moines entraient par l'escalier qui descend du dortoir, ou par le cloître. Seul les quelques frères converts entraient par le porche. Nul vaisseau ne peut être plus simple que cette nef d'un style cistercien des plus rigoureux.
Le cloître, postérieur de quelques années à l'église, est le centre de l'abbaye, lieu de passage qui relie les différentes parties du monastère mais avant tout lieu de méditation et de lecture. Conçu selon le modèle provençal, les arcs de décharge introduisent un rythme ternaire dans la ligne des arcatures. Les chapiteaux, absents de l'église, sont ici relativement ornés contrairement à la tradition cistercienne. En sortant de l'église par la porte du collatéral, on trouve d'abord le chapitre (ou salle capitulaire) qui ouvre sur le cloître par une porte étroite ainsi que par quatre grandes baies jumelées munies de colonnettes. Les piliers centraux ne manquent pas d'une grâce qui contrastes avec la puissance des nervures de des vôutes qui aboutissent par simple angle entrant dans le mur à l'exclusion de toute autre appuie, c'est une trouvaille originale. En sortant du chapitre, le culot qui soutient le doubleau de la voûte du cloître est un diable ; lorsque se réunit la communauté, le Père Abbé, placé au centre, fait face à la tarasque (diable), les moines étant assis sur les gradins. C'est ici que sont prises les décisions concernant la communauté. Au-delà, à l'extrémité Nord-Ouest du cloître se trouve le chauffoir ; c'est la salle ou les moines venaient travailler et qui servait de scriptorium, lieu ou l'on copiait les manuscrits. C'est la seule pièce chauffée du monastère (pour éviter que l'encre ne gel ?). Un seul pilier porte les retombées des quatre voûtes d'arrêtes, la cheminée permet de brûler des troncs placés à la verticale.
Le dortoir des moines pouvait acceuillir une trentaine de moines, dormant au sol sur des paillasses. Il est couvert d'une voûte en berceau brisé coupée en trois parties par deux arcs doubleaux. Sur nombre de pierres, les marques de tacherons peuvent être observées ; ce sont des signes ou des initiales de tailleurs de pierre qui marquaient les blocs pour pouvoir se faire payer à la pièce.

Site officiel de l'abbaye de Sénanque.
Pour plus d'informations sur le rôle des différents lieux d'un monastère, le lecteur se réferera au document commun organisation d'un monastère.
Les autres abbayes provençales : Le Thoronet et Silvacane.

Référence :
Guide de visite Abbaye Notre Dame de Sénanque.
Les soeurs provençales aux éditions Zodiaque.